Du souvenir à la réalité
Une réminiscence d'enfant, une promenade au Petit Trianon vers la maison de la Reine… Couleurs d'automne, lumières sur le lac, reflets dans l'eau, qui tremblent et caressent les berges, prolongeant les arêtes des murs et les feuillages en jouant à cache-cache avec les arbres qui s'y regardent. Un saule nostalgique y pleure ses joies les plus discrètes. On n'attend plus que le mystère d'une présence… Viendra-t-elle sur un parfum de fleurs? Mettez une lampe pour éclairer le tableau sur le côté, laissez-le près d'une fenêtre sous la portée d'un rayon de soleil à son couchant: Et vous découvrirez la magie du paysage! Tout se met à vivre, les arbres frémissent, l'eau chante des profondeurs insoupçonnées, les reflets se nimbent et frémissent… Les visiteurs, dans l'atelier, s'émerveillent, et le peintre… Aussi! Sidéré, soudain, de découvrir une telle clarté, une telle luminosité dans ce qu'il a peint avec amour, dans une sorte de facilité déconcertante? Émerveillé lui-même comme un enfant qui doit se souvenir… Peut-être y a t-il là une Reine invisible qui se regarde encore dans le miroir des eaux, un trait de pinceau, une ombre portée ? Une page d'histoire s'est tournée. Une page de vie s'est écrite là, puis effacée. Demeure la toile peinte avec son vieux cadre de brocanteur signé dix neuvième mais dans le plus pur style Louis XVI. Qui voudra s'y promener avec elle ? Avec une toute petite fille à leur côté?
Le Petit Trianon, La maison de la Reine.
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